Générations Y et Z, les défis à relever ! Avis d’expert : Didier Pitelet, CEO Moons’ Factory

Reconnu comme l’un des meilleurs experts en matière de culture d’entreprise et de marque employeur, Didier Pitelet a fondé Moons’Factory en 2006. Outre son activité de conseil auprès de grandes entreprises et administrations, il a publié Les patrons sont morts : vive les patrons, Le prix de la confiance, une révolution humaine au sein de l'entreprise et Le pari de la culture. Bien sûr, la notion de génération est une simplification : entre un Y né dans les premières années de cette génération et un autre né en 1992, il y a peu de points communs. Malgré tout, certaines observations restent valables. Les Y sont ainsi ceux qui ont importé le « cynisme » en entreprise. En France, 70% des managers trentenaires déclarent ainsi ne pas adhérer aux valeurs de l’entreprise ! On le leur reproche souvent. Il n’y a vraiment pas de quoi : ce n’était qu’un mécanisme de défense pour de jeunes actifs dont l’entrée dans la vie active a été extraordinairement difficile (du fait des crises), et décevante : l’écart entre ce qui leur avait été promis et la réalité de leur premier emploi a été abyssal. Les Z, les vrais « mutants » Les Z sont dans une toute autre logique. Ils ignorent ce qu’est une crise : ils ont toujours vécu dans un monde en tension. C’est la première génération véritablement universelle, et elle a créé un monde, un langage et des usages qui vont fatalement s’imposer aux entreprises. Celles-ci n’y sont pas encore prête. Les organisations encore très pyramidales, top down, sont en opposition totale avec le monde fluide et ouvert de cette génération. Face à elle, les plus de 40 ans (et même les Y) sont largués. Des entrepreneurs ? Premier défi : les attirer. Les aspirations d’un jeune en 2017 ? Dans l’ordre : créer sa boîte, aller dans une PME, puis une grande entreprise (de préférence non cotée), et enfin intégrer la fonction publique. Soit rigoureusement l’inverse de ce qu’on observait il y a encore 20 ans. Deviendront-ils une génération d’entrepreneurs ? Cela reste à voir, mais une chose est sûre : ils seront clairement entrepreneurs de leur vie. Ils ont ainsi une faculté à se lasser… hallucinante. Notre société de conseil reçoit très fréquemment des jeunes gens qui postulent en expliquant que tout se passe très bien dans leur job actuel, mais qu’au bout de 12 à 18 mois, ils ont « fait le tour ». Sur LinkedIn et Viadeo, ils réajustent en temps réel leur valeur sur le marché, et ont toujours un orteil à l’extérieur En mode projet Deuxième défi : les manager. Notamment en s’adaptant à un fonctionnement en cycles courts. La vie entière des Z se déroule en mode projet, et ils ne peuvent concevoir le travail qu’avec des objectifs concrets et précis, et des retours réguliers. Au-delà, il s’agit aussi de s’adapter au rythme de cette génération, qui a dépassé la notion d’équilibre vie professionnelle/vie personnelle. Ils passent en permanence de l’une à l’autre. L’écueil du jeunismeEnfin, dernier défi : éviter l’écueil du jeunisme. Oui, les relations entreprises-clients et entreprises-employés ont radicalement changé. Oui les Z maîtrisent mieux que quiconque ces nouveaux codes. Mais non, ils ne savent pas tout. Un manager doit aussi avoir ce courage de le leur rappeler. Mais évidemment, le modèle autoritaire classique ne fonctionne pas avec eux. Elle n’opère qu’en mode collaboratif, participatif, et surtout par l’exemplarité, Le « Faites ce que je dis, pas ce que je fais » est voué à l’échec. Les Z rejoignent les Y dans ce besoin de comprendre : à quoi servent-ils ? Et à quoi sert l’entreprise ? C’est pour cela que la question de la culture d’entreprise est aussi centrale. Même si ce n’est pas politiquement correct, il me semble qu’une entreprise doit être « culturellement discriminante ». C’est-à- dire affirmer clairement une identité et des valeurs, et être donc capable de dire qui pourra s’y épanouir. Et qui ne le pourra pas.
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