Entre pénurie de personnel hospitalier et crise COVID, le grand défi du recrutement

Pénurie de personnel hospitalier, le défi du recrutement
La pénurie de personnel hospitalier est un phénomène qui existe déjà depuis de nombreuses années, mais avec la crise sanitaire, les problématiques existantes se sont intensifiées. Entre épuisement et désillusions, les salariés du secteur de la santé se détournent de leur métier et de nombreux étudiants abandonnent leur cursus. Le point sur la situation et les défis du recrutement à l’hôpital.

Pénurie de personnel hospitalier, ce que l’on observe

Après bientôt deux ans de crise sanitaire, les hôpitaux paraissent durement affectés. Fin octobre 2021, les médias faisaient état d’une baisse d’un tiers en un an des personnels paramédicaux. Les causes de cette hémorragie qui provoque la pénurie de personnel hospitalier sont multiples. Certaines sont historiques et s’ancrent bien avant le début de la pandémie, mais les difficultés des deux dernières années ont eu pour effet de les amplifier. Beaucoup se plaignent des salaires, des conditions de travail, du manque de reconnaissance, ce à quoi s’ajoute un épuisement manifeste. Une situation dans laquelle le serpent se mord la queue, puisque les départs de personnels soignants accélèrent la dégradation des conditions de travail de ceux qui restent.

Entre les emplois du temps à rallonge, les remplacements au pied levé, ceux qui sont partis pour changer de carrière, ceux qui ont préféré partir vacciner en centre de vaccination… les membres du personnel qui restent à l’hôpital fatiguent. À cette problématique vient s’ajouter une seconde : 1.300 étudiants infirmiers ont démissionné depuis 2018, venant renforcer les inquiétudes quant à la relève. Résultat, le média Les Echos rapporte une augmentation d’un tiers des postes vacants de paramédicaux par rapport à l’automne 2019. Par ailleurs l’absentéisme est en hausse et les démissions se sont accélérées en 2021.

Quelles mesures pour y faire face ?

Suite à la parution d’un article de Libération faisant état de 20% de lits fermés dans les hôpitaux, le Ministre de la Santé Olivier Véran affirme que la plupart de ces fermetures sont temporaires, le temps de recruter ce nouveau personnel qui manque cruellement. Ces dernières années, on comptabilise un certain nombre de mesures pour lutter contre cette pénurie de personnel hospitalier. 2019 a par exemple vu la suppression du numerus clausus dans les études de santé, qui limitait le nombre d’étudiants pouvant accéder aux dites études. Par ailleurs, le récent Ségur de la santé qui rassemblait l’ensemble des acteurs du système de soins français entre mai et juillet 2020 a revalorisé de 10 milliards d’euros la rémunération hospitalière et prévoit des crédits afin de recruter 15.000 soignants et rénover les hôpitaux. 19 milliards d’euros d’investissement dans le système de santé étaient prévus pour améliorer la prise en charge des patients et le quotidien des soignants.

On note également une mesure coup de poing récente de l’ARS d’Ile de France, qui prévoit d’offrir 4000 ou 7000 euros aux candidats à un poste d’infirmier dans un établissement de soins francilien pour tout contrat de 6 ou de 9 mois. Une mesure qui cherche à alléger le recours aux intérimaires et qui se poursuit jusqu’au 28 février 2022.

Quoi qu’il en soit, le Ministre de la Santé Olivier Véran annonçait lancer deux vastes enquêtes. La première pour comprendre les causes de cette pénurie de personnel hospitalier, la seconde pour déterminer pourquoi plus d’un millier d’étudiants en soins infirmiers ont abandonné leur cursus entre 2018 et 2021, sans mener leurs études à terme.

Recruter dans un contexte de pénurie du personnel, le défi de l’attractivité

Dire qu’une seule solution pourra résoudre le problème de pénurie de personnel hospitalier est bien entendu illusoire. Les problématiques rencontrées aujourd’hui prennent racine dans des décisions du passé. Cela dit, un certain nombre de mesures sur le terrain peuvent aider les établissements à tirer leur épingle du jeu. Au cœur des enjeux de recrutement, la question de l’attractivité de l’hôpital doit faire mouche. Le mal-être apparent d’une grande partie du personnel hospitalier nécessite d’être adressé, notamment en réglant les problématiques d’épuisement et d’absentéisme présents au sein du personnel hospitalier actuel. Entre remplacements au pied levé et emplois du temps irréguliers, le personnel hospitalier fatigue. Amélioration et harmonisation des process de recrutement, stabilité et fluidité des processus de travail et de planification des emplois du temps sont par exemple des leviers stratégiques pour améliorer le quotidien à l’hôpital et renforcer son attractivité.

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