Upskiling et reskilling dans les collectivités sont encore des sujets peu abordés, bien que plus que jamais d’actualité. Avec l’accélération de la transition numérique, favorisée par la phase de crise que nous venons de traverser, les métiers de la fonction publique évoluent plus rapidement que jamais. L’upskilling et le reskilling apportent une réponse concrète pour suivre le mouvement.
Près de ⅓ des métiers en collectivités territoriales impactés par la transition numérique
Le CNFPT délivrait en octobre 2021 un rapport de prospection concernant les impacts de la transition numérique sur les métiers de la fonction publique territoriale. Selon le rapport, qui cite des scénarios envisagés pour les prochains dix à quinze ans, certains métiers des agents de la fonction publique territoriale pourraient se voir profondément bouleversés.
Les causes de ces changements à prévoir se regroupent dans quatre grandes thématiques :
- Le déploiement de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle, les robots, la télésurveillance et les drones.
- Les nouveaux modes d’organisation du travail tels que le télétravail et les outils collaboratifs. Ceux-ci se sont vus accélérés et démocratisés à grande échelle au moment de la récente crise sanitaire.
- Les nouvelles obligations réglementaires, qui interviennent sur une base régulière.
- La transformation de la relation avec les usagers avec la dématérialisation des démarches ou encore la “civic-tec”. Civic-tech, pour “civic technology », désigne toute technologie qui vise à accroître le pouvoir du citoyen ou à rendre un gouvernement plus ouvert. Elle compte l’ensemble des outils numériques qui permettent d’améliorer le fonctionnement démocratique des sociétés et des communautés.
Upskiling et reskilling : une réponse concrète
De quoi parle-t-on lorsqu’on évoque l’upskiling et le reskilling ? Concrètement il s’agit d’une utilisation stratégique de la formation, afin de faire face à la transformation des métiers. Avec ces changements rapides, certains métiers évoluent, d’autres disparaissent. Selon le rapport de la CNFTP, 33 métiers des collectivités et du secteur public pourraient voir leurs effectifs diminuer d’ici 10 à 15 ans. Parmi ces métiers on compte par exemple :
- Les officiers d’état civil (dématérialisation démarrée au Quai d’Orsay)
- Les techniciens de laboratoires,
- Les gestionnaires des ressources humaines,
- Les chargés d’accueil en tous genres,
- Les assistants de gestion administrative
Si l’on simplifie, les métiers concernés par cette évolution, donc par l’upskilling et le reskilling sont majoritairement ceux liés à la diminution des activités liées au papier comme l’archivage ou le courrier. Mais on compte aussi les métiers liés à la gestion administrative qui devient automatisable, à l’accueil, à la surveillance et aux tâches répétitives, elles aussi automatisables.
Comment alors revaloriser les agents impactés par ces changements ? Avec un recours au recrutement limité en raison des coûts notamment, il faut identifier les agents concernés et les former, afin qu’ils puissent exercer leur métier différemment ou même évoluer vers un nouveau métier. C’est là qu’interviennent l’upskilling et le reskilling. L’upskilling, lui, permet de faire évoluer les compétences d’un agent sur son métier à l’aide de la formation, afin qu’il s’adapte à sa nouvelle réalité. Le reskilling quant à lui équivaut à une reconversion des agents dont le métier est en passe de « disparaître » ou se transformer radicalement.
Cartographier l’impact de la transformation numérique sur les métiers des collectivités
Le point de départ d’une stratégie d’upskilling et de reskilling réside dans la capacité des collectivités à identifier précisément les métiers voués à évoluer et se transformer à court, moyen et long terme. Dans ce cadre, les démarches de GPEC qui utilisent la cartographie des compétences ou le strategic workforce planning permettent d’identifier les métiers concernés. Ce genre d’outil permet une vision globale de la stratégie de formation à mettre en place dans une démarche d’upskilling et de reskilling.
Par la suite, il s’agit de mettre en place les plans de formation adaptés pour chaque agent ou métier concerné. Avec des formations aujourd’hui bien souvent financées par l’État via les OPCO notamment, le grand défi des collectivités réside donc dans leur capacité à identifier et anticiper ces besoins en upskilling et reskilling afin d’anticiper leurs stratégies de formation.
Enfin, une stratégie d’upskilling et de reskilling, implique de déployer les outils adéquats pour évaluer la pertinence des formations mises en place et leur efficacité sur les apprenants. Ces outils permettent par ailleurs d’optimiser la stratégie de formation des collectivités, notamment en termes de budget.